Entre la Belgique et le Bordelais, les De Schepper tissent leur toile

2017-01-19T09:50:24+01:0025 juin 2013|

Négociant à Gand et à la tête de cinq châteaux en Gironde, la famille a pour principal marché la Chine.

Sur son stand de Vinexpo, mondial des vins et spiritueux qui s’est tenu la semaine dernière à Bordeaux, la famille De Schepper est venue en force. « Nous avons investi 20 000 euros pour exposer ici, l’endroit où il faut être pour vendre du vin à l’international. Un Brésilien ou un Russe viennent à ce salon. » Jacques De Schepper, déjà huit Vinexpo au compteur, est président de Rabotvins (une vingtaine de salariés) et De Mour, deux sociétés de négoce installées respectivement à Gand (Belgique) et à Soussans (Médoc).

« Mon père, Émile, visionnaire, a acquis son premier château en Gironde en 1950, pensant que ce serait un atout pour vendre du vin en Belgique. » Plus de soixante ans plus tard, et suivant la même politique de présence dans le vignoble, c’est cinq propriétés (avec un dernier achat en 2004) que la famille possède maintenant en Bordelais ! Deux à Saint-Émilion (châteaux La Croizille et Tour Baladoz) et trois dans le Médoc : Haut Breton Larigaudière (AOC Margaux) et Châteaux Tayet et Lacombe Cadiot (AOC Bordeaux supérieur).

Soit un total de 52 hectares, dont la production est commercialisée par De Mour, structure se trouvant dans les mêmes locaux que le château margalais de la famille, à Soussans donc. On trouve aussi sur place une boutique de vente (visite et dégustation gratuites). Toutes ces exploitations étant dirigées au quotidien par Jean-Michel Garcion.

« Je m’installe désormais à Haut Breton Larigaudière pour m’occuper de la communication de nos propriétés. Nous développons l’oenotourisme, avec le Château La Croizille en tête de pont : nous venons d’y investir 4 millions d’euros pour notamment construire un nouveau chai et une grande salle de réception », complète Hélène De Schepper. Fille de Jacques, elle est donc la troisième génération de la famille à faire le pont viticole entre la Belgique et le Bordelais. Les portes y seront ouvertes au public cet été, l’occasion d’admirer un bâtiment futuriste, en partie orange (couleur fétiche de la famille) et surplombant les vignes saint émilionnaises.

La Chine devant la Belgique

Depuis des décennies, les Belges – souvent négociants, car ce pays est un grand consommateur de vin – se sont installés dans le vignoble girondin. Plus d’une quarantaine de familles sont d’ailleurs recensées dans un livre sorti récemment (1). « Sur nos 16 millions d’euros de chiffre d’affaires, un tiers est réalisé par du vin de Bordeaux. Il y a quelques années, à la suite de problèmes qualitatifs, leur débouché belge s’est tassé, et d’autres vignobles s’y sont engouffrés. Il a fallu pour nous investir d’autres marchés d’exportation », ajoute Jacques De Schepper.

Voilà comment la Chine est devenue à vitesse grand V le principal terrain de jeu de la famille. Le neveu, Olivier De Schepper, s’en occupe (2). « Nous travaillons ce marché en plein boom depuis quatre ans, via des salons, des voyages, des rendez-vous d’affaires. Le marché y est très concurrentiel, avec des bouteilles australiennes, chiliennes, espagnoles », avance-t-il. Voilà comment, symbole de la mondialisation galopante sur la planète vin, des Belges peuvent arriver à vendre davantage dans le vaste empire du Milieu que dans leur traditionnel marché domestique.

« Mais je suis inquiet pour l’avenir. Les élites chinoises, grandes consommatrices de belles bouteilles lors d’inaugurations en tout genre, mettent désormais le pied sur le frein. La nouvelle direction du pays se veut plus économe. De plus, avec l’affaire des panneaux solaires et des représailles éventuelles sur la taxation des vins importés, certains clients chinois ont renoncé à venir à Vinexpo. On sent que la période, tendue, n’est pas propice aux affaires », regrette Olivier De Schepper. À suivre donc, même si le commissaire européen au Commerce vient de déclarer à Pékin que cette crise serait résolue dans les « prochaines semaines ».

Traiter la vigne en hélicoptère

Le temps pluvieux empêche les tracteurs de rentrer dans les parcelles, notamment pour effectuer les indispensables traitements contre les maladies de la vigne (mildiou, oïdium). Du coup, à titre exceptionnel, le préfet d’Aquitaine autorise trois propriétés de Saint-Émilion et des Graves à utiliser l’hélicoptère. D’autres demandes sont en cours d’instruction. Ces dérogations, très encadrées (l’épandage aérien est interdit en France), ne sont valables que
jusqu’au vendredi 28 juin inclus.

(1) « Vignerons belges de Bordeaux », par Dirk De Mesmaeker et
Bernard Sirot. Éditions Standaard.